Behar-Behoukotaï 5773 (Par Maayane Meyer)


Ce chabbat nous avons à lire non pas une mais deux parachioth, BEHAR et BEHOUKOTAÏ
afin d'harmoniser les calendriers solaire et lunaire.
En outre, ce sont les deux dernières du Lévitique, Livre des cohanim, Livre sacerdotal
par excellence.
Je voudrais un instant revenir sur ce volume avant de le quitter.
Son premier mot est "vahikra", dont la racine signifie "Il crie, Il proclame". Par là Hachem annonce à Moche, sur la montagne -"Behar"-, les décrêts –"houkot" auxquels les bnei Israël par l'intermédiaire de ses prêtres, doivent se soumettre.
C'est un vademecum des lois régissant l'éthique et la pratique relatives aux cohanim.
Je vais vous les résumer en prenant comme base André Chouraqui :
1-      Les rites sacrificiels : les différentes offrandes et sortes de sacrifices
2-      L'inauguration du sanctuaire : l'installation et le service des "desservants" comme les nomme A. Chouraqui
3-      Les différentes causes de contamination incluant les notions d'idôlatrie, de pureté et d'impureté par la naissance, par contact, par relations sexuelles prohibées
4-      Les sources de la sacralité dont est issue notre paracha : sacralité du Temple et de ses desservants, bien sûr, mais aussi de la Terre qui n'appartenant qu'à Dieu, ne peut être objet de conflit puisqu'excluant  la notion de propriété individuelle.

Mais revenons à notre paracha de la semaine qui sont deux.
La première "behar" -sur le mont- traite principalement de la façon dont les bnei Israel doivent se comporter par rapport à la terre dont ils ne sont que locataires, temporaires donc par définition, et qui ont obligation de gérer selon des lois très strictes à savoir nécessité de laisser la terre indemne de l'action de l'Homme à intervalles réguliers ::
–tous les 7 ans,  une année chabbatique - et tous les 49 ans une année jubilaire.
Nous constatons là la symbolique du chiffre 7, très souvent utilisé dans la Torah : (le chabbat ; les 49 jours entre Pessah et Chavouot, les 49 niveaux de servitude morale et psychologique auquel étaient parvenus les esclaves hébreux en Egypte, ultime seuil où il est encore possible de se libérer).
Ces deux périodes où la terre est "a-cultivée", une fois tous les 7 ans, la "chmita" et l'autre –- tous les 49 ans, le yovel, témoignent de l'attitude d'humilité, de respect devant une instance qui échappe à l'Homme et à maintes reprises avancée dans la Torah : car au nom de quoi, de qui, le sol que j'ai ensemencé, moissonné, travaillé n'est-il pas à moi et donc pourquoi ne puis-je pas récupérer le fruit de mon labeur ?
De même qu'Elohim a cessé de créer et qu'il a inscrit le repos comme élément actif de sa Création, de même la terre dont il est le seul et unique propriétaire doit aussi s'arrêter.
Ce qui toutefois émergera pendant cette période d"entre-deux", appartiendra à tout le monde, homme libre, esclave, métèque ou étranger.
C'est ainsi que l'on peut aller au-delà de cette simple recommandation de jachère, et tirer une des principales leçons que nous offre le judaïsme, celle de la solidarité, c'est-à-dire la prise en compte de l'autre surtout s'il est dans le besoin, "Hessed et Tsedaka".

La seconde sidrabehoukotaï- sera axée elle, sur l'abomination des idoles, sur les bénédictions et les malédictions.
Ne pas se tourner vers des idoles était déjà mentionné dans l'Exode. Mais ici on franchit une étape supplémentaire : non seulement il est interdit de se tourner vers  une idole mais il est interdit d'en fabriquer, que ce soit sous forme de sculpture ou de stèle. Ces dernières étant fréquentes en Orient et même chez les hébreux,… Rappelez-vous Jacob lui-même à Beith El….. Mais peu à peu les prêtres se sont rendu compte que le simple respect du lieu se transformait de façon perverse, en vénération de l'objet érigé là, et censé être ou contenir un dieu...
Aussi en sont-ils arrivés à en interdire toute fabrication et à ordonner la destruction de celles existantes. Seul le Temple est une concession…..dans les deux sens du terme, territorial et moral …….
Nos Sages n'ont pas manqué de rapprocher dans leurs commentaires, le respect du chabbat
comme interdiction de se livrer à l'idolâtrie.
Aujourd'hui où il est si facile de se laisser aller à une action ininterrompue, à une idolâtrie du consumérisme en tout genre, le chabbat apporte cette relâche, ce lâcher-prise d'avec le monde extérieur, cette sérénité intérieure indifférente au tourbillon environnant.

C'est une bénédiction en soi….. Parmi d'autres dont traite notre paracha : la pluie, la fécondité, la paix avec les voisins, la liberté de servir Hachem qui ne seront accordées aux bnei israel que dans la mesure où ils observeront les lois édictées par Lui ; dans le cas
contraire, ils subiront des malédictions terribles où la maladie, la sécheresse, les défaites, les massacres, la famine,  et jusqu'aux instincts cannibales seront à l'œuvre…….
Néanmoins rassurez-vous : ces dernières n'iront pas jusqu'à la destruction définitive. Piètre consolation devant tant d'horreurs annoncées…. Mais tout de même, en dernier recours, une consolation : l'alliance contractée avec Abraham, avec Isaac et avec Jacob ne sera pas remise en cause. Dieu établira le peuple d'Israël sur la Terre qu'il leur a promise afin qu'il en fasse un  jardin…..


Pour terminer, une dernière réflexion qui transparait de ces deux sidroth : la liberté qu'a conquise ce peuple, eh bien il ne pourra en profiter que s'il se dégage de toute sidération, de tout enfermement que provoque l'espace clos d'une idole quelle qu'elle soit. Ainsi, s'échappant de l'asservissement qu'induit inévitablement la fascination,  il mettra à profit son tout nouveau cadeau offert par Dieu, les Lois de la Torah, seules garantes d'une réalisation féconde et harmonieuse de ses capacités créatrices.

Chabat chalom

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