La
paracha de la semaine nous présente Moché rassemblant son peuple pour lui faire
part de la décision de l'Eternel de devoir édifier l'Arche Sainte et le
Sanctuaire autour de l'axe central que représente le chabat. L'espace appartient
aux Hommes ; le Temps, seul l'Eternel, par définition, en est le maître.
Moche
donc, toujours présent lorsque Dieu le convoque et surtout quand il lui enjoint
de parler, en son nom, au peuple, est ici le Surveillant en chef des travaux
dont le maître d'oeuvre sera Betsalel –qui veut dire à l'ombre de El ou bien,
selon Henri Cohen-Solal, ce serait El, l'ombre portée des actes de l'Homme. Il
est donc un des bâtisseurs à l'ascendance illustre puisqu'issu de la tribu de
Juda, il descend de Myriam, de Caleb. Son collègue est Olihav –la demeure du
père- qui lui n'a pas de parents célèbres mais dont le nom même porte la marque
de la filiation et donc de la transmission,
Il
a déjà été question dans la paracha précédente, de l'édification du Temple.
Alors une question se pose : pourquoi répéter ? Nous savons par l'étude qu'en
font nos Sages, que la Torah ne prononce jamais un mot en vain, que chaque fois
qu'il est utilisé, même si c'est le même, il renferme obligatoirement un sens
nouveau. A nous donc d'essayer de suivre les leçons de nos hahamim. "L’étude juive ne saurait exister sans
renouvellement ".
TB Hagiga 3a.
Aujourd'hui,
il semble bien s'agir, du moins à
première lecture, de la répétition d'une geste dont les bnei Israel ont été les
acteurs par le passé. Mais constatons, à l'analyse, que cette fois-ci l'objectif
est non seulement différent et mais opposé.
La
fois précédente les Hébreux, en masse indistincte, ont confectionné une
idole censée contenir un dieu. Aujourd'hui, il est question, pour chaque hébreu, de participer au
grand œuvre : celui d'offrir au seul Dieu, une demeure digne de cette Unicité
et de son Universalité. Il en définira lui-même les mesures, les contours et les
interprétations symboliques possibles qu'en aucun cas une idole ne pouvait
permettre puisque figée en elle-même.
C'est
l'action généreuse –principalement des femmes, nous dit le Midrash
contrairement au Veau d'Or où ce sont essentiellement les hommes pris dans un
non-discernement- qui ont contribué à sa construction. En effet, selon une
lecture cabalistique, l'attribut "binah" que l'on peut
traduire par discernement fait partie du côté gauche de l'Arbre séphirotique celui
que la Cabale attribue au Féminin. Du côté masculin, c'est la générosité –hesed-
qui lorsqu'elle n'est pas tempérée par "gevourah" son homologue du
pilier gaauche, risque de se déverser sans limite. Dans la construction de la
maison de l'Eternel, l'équilibre doit régner. Aussi, les deux attributs divins
et humains vont s'associer pour accueillir Dieu dans sa Demeure.
En
effet, le culte de Dieu ne provient pas d'un penchant naturel de l'Homme. Il
exige de lui un effort spirituel pour surmonter sa nature ; en revanche, c'est
sous l'influence d'une pulsion primaire que l'Homme, en masse, se laisse aller
à adoration idolâtre.
N'oublions pas ce célèbre verset du Talmud–Meguila
13A : ""Quiconque rejette l'idolâtrie est appelé
Juif"
Il
est exigé de nous une tension vers le Service du Dieu unique et d'ailleurs, les
Psaumes désigneront comme des "héros puissants" ces Hommes,
pris individuellement sous leur propre responsabilité, qui exécutent la Parole
divine" (Ps 103.20).
Je citerai à cet
égard cet autre beau verset : ""L'héroïsme modeste de la
responsabilité".
Tout
fut donc exécuté selon ce que l'Eternel avait ordonné.
Mais
ne manque-t'il pas quelque chose ? La fin des travaux est-elle suffisante pour
garantir la réussite du plan divin ? Dieu n'a vraiment pas besoin d'un Temple
si merveilleux soit-il pour se faire connaitre. Il a essentiellement besoin que
ses fidèles associés Le servent et alors seulement il apposera son sceau, son "rouah"
sur l'œuvre accomplie, il la bénira : la fin de l'action était déjà prévue
au commencement.
Et
alors, Moche, le messager qui connaît tous les rouages de la relation entre
Dieu et son peuple, bénira les bnei Israel en leur disant –et je cite Rachi-
"que ce soit la volonté de Dieu que la Chekina repose sur l'œuvre de
vos mains".
L'espace
–terrain d'action de l'Homme -est circonscrit …… Reste le temps … Mais c'est
une autre histoire …….
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