Ce
chabbat nous avons à lire non pas une mais deux parachioth, BEHAR et BEHOUKOTAÏ
afin
d'harmoniser les calendriers solaire et lunaire.
En
outre, ce sont les deux dernières du Lévitique, Livre des cohanim, Livre
sacerdotal
par
excellence.
Je
voudrais un instant revenir sur ce volume avant de le quitter.
Son
premier mot est "vahikra", dont la racine signifie "Il
crie, Il proclame". Par là Hachem annonce à Moche, sur la montagne -"Behar"-,
les décrêts –"houkot" auxquels les bnei Israël par
l'intermédiaire de ses prêtres, doivent se soumettre.
C'est un
vademecum des lois régissant l'éthique et la pratique relatives aux cohanim.
Je vais
vous les résumer en prenant comme base André Chouraqui :
1-
Les rites sacrificiels : les différentes
offrandes et sortes de sacrifices
2-
L'inauguration du sanctuaire : l'installation
et le service des "desservants" comme les nomme A. Chouraqui
3-
Les différentes causes de contamination
incluant les notions d'idôlatrie, de pureté et d'impureté par la naissance, par
contact, par relations sexuelles prohibées
4-
Les sources de la sacralité dont est issue
notre paracha : sacralité du Temple et de ses desservants, bien sûr, mais aussi
de la Terre qui n'appartenant qu'à Dieu, ne peut être objet de conflit puisqu'excluant la notion de propriété individuelle.
Mais
revenons à notre paracha de la semaine qui sont deux.
La
première "behar" -sur le mont- traite principalement de la façon
dont les bnei Israel doivent se comporter par rapport à la terre dont
ils ne sont que locataires, temporaires donc par définition, et qui ont
obligation de gérer selon des lois très strictes à savoir nécessité de laisser
la terre indemne de l'action de l'Homme à intervalles réguliers ::
–tous
les 7 ans, une année chabbatique - et tous
les 49 ans une année jubilaire.
Nous
constatons là la symbolique du chiffre 7, très souvent utilisé dans la Torah :
(le chabbat ; les 49 jours entre Pessah et Chavouot, les 49 niveaux de
servitude morale et psychologique auquel étaient parvenus les esclaves hébreux
en Egypte, ultime seuil où il est encore possible de se libérer).
Ces deux
périodes où la terre est "a-cultivée", une fois tous les 7 ans, la
"chmita" et l'autre –- tous les 49 ans, le yovel, témoignent
de l'attitude d'humilité, de respect devant une instance qui échappe à l'Homme
et à maintes reprises avancée dans la Torah : car au nom de quoi, de qui, le
sol que j'ai ensemencé, moissonné, travaillé n'est-il pas à moi et donc
pourquoi ne puis-je pas récupérer le fruit de mon labeur ?
De même
qu'Elohim a cessé de créer et qu'il a inscrit le repos comme élément actif de
sa Création, de même la terre dont il est le seul et unique propriétaire doit aussi
s'arrêter.
Ce qui
toutefois émergera pendant cette période d"entre-deux", appartiendra à
tout le monde, homme libre, esclave, métèque ou étranger.
C'est
ainsi que l'on peut aller au-delà de cette simple recommandation de jachère, et
tirer une des principales leçons que nous offre le judaïsme, celle de la
solidarité, c'est-à-dire la prise en compte de l'autre surtout s'il est dans le
besoin, "Hessed et Tsedaka".
La
seconde sidra –behoukotaï- sera axée elle, sur l'abomination des
idoles, sur les bénédictions et les malédictions.
Ne pas
se tourner vers des idoles était déjà mentionné dans l'Exode. Mais ici on
franchit une étape supplémentaire : non seulement il est interdit de se tourner
vers une idole mais il est interdit d'en
fabriquer, que ce soit sous forme de sculpture ou de stèle. Ces dernières étant
fréquentes en Orient et même chez les hébreux,… Rappelez-vous Jacob lui-même à Beith
El….. Mais peu à peu les prêtres se sont rendu compte que le simple respect
du lieu se transformait de façon perverse, en vénération de l'objet érigé là, et
censé être ou contenir un dieu...
Aussi en
sont-ils arrivés à en interdire toute fabrication et à ordonner la destruction
de celles existantes. Seul le Temple est une concession…..dans les deux sens du
terme, territorial et moral …….
Nos
Sages n'ont pas manqué de rapprocher dans leurs commentaires, le respect du chabbat
comme interdiction
de se livrer à l'idolâtrie.
Aujourd'hui
où il est si facile de se laisser aller à une action ininterrompue, à une idolâtrie
du consumérisme en tout genre, le chabbat apporte cette relâche, ce
lâcher-prise d'avec le monde extérieur, cette sérénité intérieure indifférente
au tourbillon environnant.
C'est
une bénédiction en soi….. Parmi d'autres dont traite notre paracha : la pluie, la
fécondité, la paix avec les voisins, la liberté de servir Hachem qui ne
seront accordées aux bnei israel que dans la mesure où ils observeront les
lois édictées par Lui ; dans le cas
contraire,
ils subiront des malédictions terribles où la maladie, la sécheresse, les
défaites, les massacres, la famine, et
jusqu'aux instincts cannibales seront à l'œuvre…….
Néanmoins
rassurez-vous : ces dernières n'iront pas jusqu'à la destruction définitive.
Piètre consolation devant tant d'horreurs annoncées…. Mais tout de même, en
dernier recours, une consolation : l'alliance contractée avec Abraham, avec Isaac
et avec Jacob ne sera pas remise en cause. Dieu établira le peuple d'Israël sur
la Terre qu'il leur a promise afin qu'il en fasse un jardin…..
Pour
terminer, une dernière réflexion qui transparait de ces deux sidroth : la
liberté qu'a conquise ce peuple, eh bien il ne pourra en profiter que s'il se
dégage de toute sidération, de tout enfermement que provoque l'espace clos
d'une idole quelle qu'elle soit. Ainsi, s'échappant de l'asservissement
qu'induit inévitablement la fascination,
il mettra à profit son tout nouveau cadeau offert par Dieu, les Lois de
la Torah, seules garantes d'une réalisation féconde et harmonieuse de ses
capacités créatrices.
Chabat
chalom
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