Metzora est une personne atteinte d'une
maladie terrible, Tza'arat. Le dernier Shabbat nous avons appris que Tza'arat
est une maladie qui se manifeste sur la peau. Elle est donc certainement
externe, mais peut être aussi interne, ceci nous ne le savons pas. La médecine
contemporaine connaît des maladies dont les symptômes sont en même temps
internes et externes; Tza'arat ne correspond pas à ce que nous appelons
aujourd'hui la lèpre, nom donné par les anciens aux hasards des développements des
connaissance médicales et de la traduction, mais nous savons que c'est une
maladie qui se voit.
Le malade, metzora, est présenté au
prêtre. C'était hier. Aujourd'hui le malade est face au médecin.
Que pouvons nous apprendre de la magie et du
pouvoir du prêtre sur le pouvoir et la magie du médecin?
Nous nous souvenons du Shabbat dernier
l'examen minutieux auquel le prêtre soumet le malade. Il observe la lésion, la
peau qui est autour, il observe diverses parties du corps: la couleur, la
texture, la présence des poils, tout est décrit avec le plus grand soin. Cette attention
même portée au malade fait certainement, hier comme aujourd'hui, partie du
traitement. Enfin le diagnostic est posé. Parfois cela n'est pas chose simple,
le processus est parfois long, le prêtre va et vient, il renouvelle plusieurs
fois l'observation. Le Metzora, celui qui est atteint de Tza'arat, est isolé
pendant sa maladie.
Jusqu'ici le parallèle peut être dessiné
facilement entre le processus mené par le prêtre hier, et par le médecin
aujourd'hui.
Il advient alors que le Metzora guérit.
Je parle ici de Metzora, patient atteint de la
maladie physique et non de Motzi Ra, celui qui sort (motzi) le mal (ra) de sa
bouche. Le Motzi ra, le mal disant, le médisant, ressemble à celui qui est
atteint d'une maladie grave, disent traditionnellement, depuis des siècles, nos
rabbins et nos sages.
Mais contrairement à Metzora, le motzi ra, lui
ne guérit jamais! Il est de facto isolé, malade pour la vie, il est coupé de sa
communauté, il s'est amputé lui même.
Donc le Metzora est guéri, et c'est en ce
moment là qu'il est soumis à un processus long, mystérieux, solennel.
D’abord il ya deux oiseaux : l’un est
sacrifié, et l’autre est purifié dans et par le sang du premier. Cet oiseau là
est ensuite relâché dans la campagne. Cela nous rappel Azazel ! Le jour de
Yom Kippour ! Solennel et mystérieux par excellence.
Mais ce n’est pas tout. Une semaine plus tard,
un deuxième rituel prend place, il implique trois sacrifices, deux agneaux et
une brebis sont offerts pour s’approcher de Dieu, pour expier la transgression
face à la Transcendance et pour expier son impureté.
C’est un processus élaboré, impressionnant. Il
ne semble pas avoir de parallèle aujourd’hui. Il nous indique, peut être, que
quand le corps est guéri, quand on a paré au plus grave, quand on a écarté le
danger vital, il faut continuer à s’occuper de la tête.
La médecine d’aujourd’hui reconnaît les
maladies psychosomatiques et les liens complexes entre le cerveau, le système
nerveux central et végétatif, le système endocrinien et le système immunitaire
sont de plus en plus étudiés, de mieux en mieux connus. Ces connaissances
trouvent quelques applications dans le diagnostic et le traitement.
Mais faisons nous aujourd’hui quand le patient
est guéri ?
Rien.
Or quand nous sommes malades, non seulement
notre corps est atteint, mais aussi notre état psychique est fragilisé, nous
sommes vulnérables, habités par la douleur et la peur, pour nous, pour nos
proches parfois, nous sommes face à notre finitude.
Alors, peut être pour que la santé soit
retrouvée vraiment, entièrement, quand notre corps est guéri il faut prendre le
temps à penser à notre esprit, il faut prendre soin de notre tête, il faut
prendre le temps pour puiser dans cette expérience difficile qu’est la maladie
pour tenter d’y trouver de nouvelles ressources.
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